Congrès Bétail et Viande

Mobilisation générale à Bordeaux

La 74ème édition du congrès annuel conjoint de la FNICGV et de la FFCB s’est tenue cette année à Bordeaux. Dans le contexte particulièrement difficile que connaissent éleveurs, commerçants et certains transformateurs, le mot d’ordre invitait les participants à « Oser innover » pour sortir d’une situation difficile à soutenir dans la durée…

Alors que les fermes ont du stock sur pied et les entreprises du stock de viandes, les organisations professionnelles, toutes présentes, furent invitées à conforter leurs relations et à s’unir sous l’égide de l’interprofession, car « toute désunion nourrit un peu plus les détracteurs » rappela Gilles GAUTHIER, Président de la FNICGV. Si la stratégie « export », mise en lumière l’année dernière au congrès de Lille reste de mise, l’urgence est en France.

Ci-dessous les résumés de quelques interventions.
Congrès bétail et viande Bordeaux 2016

 

Marier l’urgence et le long terme
Philippe CHOTTEAU, de l’Institut de l’élevage (IDELE) s’est livré à une analyse des conséquences du Brexit survenu dans la nuit précédant son intervention. Il préconise de se tourner vers le client pour retrouver de la valeur, et de « marier l’urgence et le long terme» en se plaçant dans « une démarche de progrès permanent ». Quant aux attaques sociétales répétées contre la viande, Philippe CHOTTEAU recommanda de «ne pas prendre l’écume pour la vague, et la vague pour la marée ! », et de se concentrer sur les tendances lourdes.

Une communication sociétale ne se bâtit pas sur du sable
Bruno DUFAYET, éleveur et Président de la commission «enjeux sociétaux d’INTERBEV», souligna les incohérences et paradoxes des demandes de la société. La profession prendra la parole, mais en confortant au préalable formation et argumentaires. « Nous devons reprendre la parole et ne plus subir ». « Réassumons que nous satisfaisons 95% des Français et que la vérité n’est pas détenue par 3% de végétariens…».

L’offre de viande évolue-t-elle au même rythme que la société ?
« On ne peut pas résumer la baisse de la consommation aux seules attaques sociétales.». C’est en ces termes que Denis LEROUGE, directeur marketing d’INTERBEV, a averti les congressistes. « Dans une société moderne, l’alimentation devient secondaire et la viande devient un ingrédient et non plus un élément central ». Notre grande mobilité exige des produits pratiques, adaptés aux multiples normes des repas que sont les sandwichs, les apéritifs dinatoires, les salades composées, les repas au bureau, ou les repas avec les enfants … Or, l’offre de la viande évolue-t-elle au même rythme que la société ?. Il reste une constante « plaisir » chez les consommateurs de viande, et les attaques auront d’autant moins de prise que les viandes seront perçues comme utiles. Si la consommation de viande bovine au quotidien s’efface, il faut adapter l’offre et «redonner sa place à la viande».

Manger est une chance, et ça fait d’abord du bien
Le Pr Jean-Michel LECERF, chef du service de nutrition de l’institut pasteur de Lille, a tenu à
rappeler que si au-delà de 100 g de viande cuite par jour, le risque de cancer colorectal est augmenté de 17% (risque relatif). Ce qui n’est rien comparativement au tabac qui lui, augmente le risque de cancer pulmonaire de 500% ! Il précisa qu’il s’agit de risque « associé », c’est-à-dire que la forte consommation de viande rouge est associée à un style de vie et que c’est un ensemble de facteurs qui est corrélé au cancer colorectal, et non la viande seule. « Aucune preuve de lien direct entre consommation de viande en excès et cancer n’a été apportée ». Par contre, il est démontré qu’en deçà d’une consommation de 70 g de viande cuite par jour, le lien entre viande et cancer est nul…

Le peuple français doute alors qu’il a tout pour réussir
Pascal PERRI, économiste et chroniqueur sur RMC, rappela que nos normes alimentaires sont au-dessus des normes européennes et mondiales. « Mais il est toujours plus facile d’être contre, plutôt que de construire » et les associations soi-disant de défense des animaux prônent une
« idéologique totalitaire », utilisant la peur, les angoisses humaines… et les réseaux sociaux. Le secteur des viandes doit réaffirmer le statut de carnivore de l’homme.

Redonner de la valeur aux produits
Xavier BEULIN, Président de la FNSEA, appela à l’union pour inverser le « paradigme des prix », en partant de l’amont pour établir les prix aux consommateurs, par le contraire. Il est insupportable que les éleveurs touchent moins de 1% des dépenses des ménages, malgré leurs efforts pour répondre aux demandes sociétales. Pour Xavier BEULIN, il faut un plan d’envergure pour l’agriculture. En écho à l’appel de Gilles GAUTHIER, pour Xavier BEULIN, les interprofessions sont un lieu pour rechercher des solutions, où notre diversité est reconnue, et qui mettent en avant le point de vue de l’ensemble de la filière.